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Journal N°5 Culture

INVITE SPECIAL

Qui êtes vous
 Eric CHECCO ?

Je suis metteur en scène, directeur artistique, chef d’entreprise
culturelle.

Formé au Théâtre de l'Atelier à Paris, classe de Jean Darnel.

Diplôme universitaire (Master 2 Management Culturel)

Directeur de plusieurs théâtres durant 16 ans.

En France, j'ai mis en scène environ 20 spectacles de théâtre et +/_ 10 de danse.
J'ai produit 13 spectacles pour le Festival d'Avignon.

Beaucoup de tournées dans le monde notamment : Burkina Faso, Congo Brazza, Côte d'ivoire,
Sénégal, Maroc,Tunisie, Guadeloupe et Guyane, New York (Redbull Stadium et Harlem)
Washington (professeur d’art dramatique à l’université Suitland Hight Scool.), Barcelone (Stadium).
Au Stade de France :

- 10 Opening Ceremony pour la finale de la FFF.

- Finale de la Danone Nations Cup Urban Peace (Rap).
Plusieurs Zenith.

La Présidence de la République me confie la mise en scène du Centenaire de l'Armistice, Place de l'Etoile, devant un parterre de 80 chefs d'Etat... Avec Angélique Kidjo, Renaud Capuçon et Yoyoma...60 lycéens interprètes des lettres des soldats de Verdun.

Ce qui compte vraiment pour moi, c'est d'avoir eu la grâce d'assister à l'émergence de nombreux comédiens ou danseurs... Je les ai vu naitre à l'interprétation ou simplement consolider leur approche en révélant ce qui existait déjà en eux.

J'ai notamment travaillé avec beaucoup d’artistes sarcellois, dix années avec Les Twins, Amoutati ou Abibou Kébé...

Bientôt 40 ans d'enseignement et de mise en scène...

Et comme on ne tire pas la tige pour faire pousser la fleur, je me mets à l'écoute de l'artiste pour qu'il grandisse à son rythme avec sa façon propre de prendre le soleil. Et j'assiste à l'éclosion sans avoir ni la propriété, ni la gloire de sa réussite.

Et c'est tellement bien comme ça... Être un jour sur le chemin et...passer, tranquille...

OUVRIR LES THEATRES

Par Eric CHECCO

La réouverture avec un siège sur deux ou trois est complètement antinomique avec le lien social que véhicule les lieux de diffusion. On cherche à ravaler notre ancien mode de vie culturel, comme le ferait un chien qui a vomi. Personnellement, après avoir assisté prostré, à l’enlèvement d’un corps par une ambulance, et avoir été invité, par mon médecin traitant, à appeler le 15, à cause de mes symptômes persistants ; je ne rentrerai pas dans une salle de spectacle en masque dans un endroit fermé et obscur avec cette ambiance anxiogène, où les siège sont distancés. Non, j’aurai le sentiment de me retrouver aux urgences de l’Hôpital Nord Parisien de Sarcelles, auquel j’ai miraculeusement échappé. Et la culture, loin de me restaurer, me fera vivre, en solitaire, un nouvel isolement traumatisant, une sadique réminiscence.

La culture devra se repenser solidaire, plus proche, plus juste, moins descendante, mais prenant le risque de laisser émerger la base des jeunes créateurs.

Avec la génération nouvelle, qui a accès à Internet, chaque culture a sa valeur et doit pouvoir se retrouver dans les lieux où on va. Des lieux où l’on partage, de la danse traditionnelle au hip hop. Des ateliers d’écriture de Shakespeare au slam. Des endroits où toutes les cultures se croisent.

Certaines ont été laissées sur le bord durant tellement d’années… Il est temps de revisiter nos pratiques en termes d’offres et de demandes…

Le monde d’après ? Par Eric CHECCO

La sidération doit laisser place à une nouvelle façon de vivre et de partager ensemble l’émotion culturelle.

Il faudra se réinventer, rechercher le contact après l’avoir évité.

Les visages masqués nous contraignent aujourd’hui à doubler l’intensité de nos regards. Retrouver le monde dans sa simplicité, car l’essence même de notre métier est la rencontre avec l’autre.

Il faudra bien se reposer la question : « qu’est-ce que le service public », ses missions...

Certainement pas programmer des spectacles qui n’ont aucune chance de toucher le public autre que les « habitués », issu les classes moyenne ou bourgeoise.

J’ai fait plus de 15 années de programmation dans des théâtres municipaux ou intercommunaux. L’offre culturelle a été trop souvent délivrée avec un discours « venez au théâtre », vous vous élèverez ! Le résultat est que la grande majorité des spectateurs viennent pour consommer des programmations sans risque ; sans élévation non plus. 

L’angoisse de l’élu et de la direction des affaires culturelles peut alors d’être « remplir », sans jamais se poser la question de « remplir » qui ? Et aussi avec quelle nourriture ?

Par exemple, est-ce qu’un spectacle de boulevard, repris 50 fois avec des petites têtes d’affiche est pertinent ? Il faut comprendre que même en faisant une très bonne jauge, un spectacle coûte toujours à la collectivité. Aucune représentation ne peut s’équilibrer financièrement. En dehors du cachet donné à l’artistique, il y aussi le foncier, le personnel permanent, les fluides….C’est donc bien l’ensemble des habitants qui finance la culture. La question est alors : qui en bénéficie ?

OUVRIR LES THEATRES ?
Par Eric CHECCO

 

La réouverture avec un siège sur deux ou trois est complètement antinomique avec le lien social que véhicule les lieux de diffusion. On cherche à ravaler notre ancien mode de vie culturel, comme le ferait un chien qui a vomi. Personnellement, après avoir assisté prostré, à l’enlèvement d’un corps par une ambulance, et avoir été invité, par mon médecin traitant, à appeler le 15, à cause de mes symptômes persistants ; je ne rentrerai pas dans une salle de spectacle en masque dans un endroit fermé et obscur avec cette ambiance anxiogène, où les siège sont distancés. Non, j’aurai le sentiment de me retrouver aux urgences de l’Hôpital Nord Parisien de Sarcelles, auquel j’ai miraculeusement échappé. Et la culture, loin de me restaurer, me fera vivre, en solitaire, un nouvel isolement traumatisant, une sadique réminiscence.

La culture devra se repenser solidaire, plus proche, plus juste, moins descendante, mais prenant le risque de laisser émerger la base des jeunes créateurs.

Avec la génération nouvelle, qui a accès à Internet, chaque culture a sa valeur et doit pouvoir se retrouver dans les lieux où on va. Des lieux où l’on partage, de la danse traditionnelle au hip hop. Des ateliers d’écriture de Shakespeare au slam. Des endroits où toutes les cultures se croisent.

Certaines ont été laissées sur le bord durant tellement d’années… Il est temps de revisiter nos pratiques en termes d’offres et de demandes…

INVITEE

Comment imaginer la culture de demain ?
Par Nancy KRIEF Présidente de l’Association
« Les amis de l’école d’art Janine Haddad »

Alors que doit-on apprendre du passé pour imaginer la culture de demain ?

il faut se souvenir de Vilar, du Théâtre National Populaire,  des Maisons de la culture, de Malraux et des Maisons des Jeunes et de la Culture, car la culture doit être faite pour tous et  vue par tous,

 La Culture doit être déconnectée de l'économie, afin de lui donner les moyens nécessaires, et surtout de la lier à  l'Éducation Nationale, car c'est à l'école qu'on apprend à aimer les arts.

On compare souvent la récession économique liée au Grand confinement à la Grande Dépression. On sait moins que lorsque Roosevelt a lancé en 1933 son New Deal pour faire face à celle-ci, il y a intégré un important volet culturel et décida d’aider les artistes.

Aujourd'hui, le secteur culturel est aux abois.

Les auteurs et les artistes en règle générale ne se sentent pas accompagnés et protégés, Il faut absolument être vigilant et venir en aide pour les plus faibles et les plus fragiles.

On ne sait pas dans quelles conditions les salles de spectacle seront ouvertes dans les prochains mois.

 nous avons besoin de lieux pour  nous rassembler, d'inventer de nouveaux espaces pour dialoguer et échanger : le numérique peut accompagner mais il ne peut pas prendre le relai du réel.

Démocratiser la Culture

Aujourd’hui, un grand nombre des habitants de notre pays profitent des manifestations et des équipements culturels publics ou soutenus par la puissance publique, qu’il s’agisse de bibliothèques, de théâtres, de conservatoires, de salles de concert ou de musées.

Pour autant, nombre de nos concitoyens restent à l’écart de cette offre : enquête après enquête, on constate que les catégories populaires – en particulier les ouvriers (qui représentent un cinquième de la population active française) – sont quasiment absents des musées, des salles de musique classique, des théâtres ou des maisons d’opéra… qu’ils contribuent pourtant à financer par leurs impôts. Il convient de se montrer plus exigeant à l’égard des grandes institutions, à l’échelon national et territorial, car elles sont les mieux pourvues en termes de moyens humains, techniques et financiers.

À titre d’illustration, le musée du Louvre pourrait consacrer 1% de son budget à de véritables actions de démocratisation, soit 2 millions d’euros par an. Qui peut penser qu’un cumul sur cinq ans de ce même budget, soit 10 millions d’euros, ne permettrait pas d’obtenir un résultat tangible ? Le même raisonnement s’applique bien sûr à la bibliothèque nationale de France, à l’Opéra de Paris, à la Comédie française ou encore au Centre Georges Pompidou, ainsi qu’aux principales institutions culturelles en régions.

De tels efforts – abondés par les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale, des collectivités territoriales et des fondations – permettraient de dégager un minimum de 50 millions d’euros sur cinq ans.

Les actions culturelles de l'association des Amis de l'école d'art Janine Haddad de Sarcelles, en direction des populations défavorisées dans les quartiers prioritaires.

 

Grâce à l'application de la CHARTE D’ACCUEIL DES PUBLICS DU CHAMP SOCIAL, les établissements culturels facilitent le travail des relais du « champ social » et rendent accessible à tous leur offre culturelle :

Afin d’organiser des sorties au musée, nous nous sommes appuyés sur cette Charte. 

Très motivés par ces perspectives offertes avec l’entrée gratuite pour tous les groupes du champ social dans les structures culturelles, s'en est suivi un travail de terrain considérable, afin de convaincre les populations les plus éloignées de la culture, de visiter les expositions au musée. 

Des groupes se sont constitués, des écoles se sont intéressées, ainsi que des gens âgés et handicapés, des mères de famille, des enfants, des adolescents, des adhérents de l'école d'art, l’I.M. E Henri Wallon, la Maison des Parents, des adhérents de notre association, ainsi que d’autres acteurs de la ville. 
Notre association est un lien entre le public défavorisé et la culture. 

Nous faisons partie des relais de proximité sur lesquelles les collectivités s'appuient, pour appliquer leur politique culturelle en direction des publics du champ social. 
Grâce aussi à la Municipalité et à la Politique de la Ville, nous avons reçu des subventions, pour pouvoir fonctionner, ainsi que sur notre projet "Art pour tous," afin d’envoyer au musée le public des quartiers prioritaires. 

Cette opération "Art pour tous », connaît un succès grandissant. 

 Et avec Pierre Bourdieu. Qui écrivait : "Le musée est important pour ceux qui y vont dans la mesure où il leur permet de se distinguer de ceux qui n'y vont pas", les Sarcellois, dans leur plus grande diversité, pourront dire fièrement, qu'ils sont allés au Musée.

 

 

Réf : LA CULTURE POUR TOUS, JEAN MICHEL TOBELEM

https://drive.google.com/file/d/1fbCmSP0ObEr7e9y86cHcHAcEUI_cN3H-/view?usp=drivesdk

INVITEE

L’artisanat d’art
entre création et partage

Par Sylvia Barbu artisan d’art à Sarcelles

Comment l’artisan d’art que je suis a-t-elle vécue la crise sanitaire Covid19 ? Au risque de surprendre, je commencerai par l’aspect positif de la chose.  Dieu merci, je n’ai pas été touchée par la maladie – ou en tout cas pas par une forme grave. Mais j’ai respecté scrupuleusement le confinement. Heureusement il se trouve que mon mari et moi avons la chance d’avoir pu aménager notre atelier au fond de notre jardin -- que nous nous efforçons de rendre agréable. Nous avons donc conservé la possibilité de travailler dans notre cadre habituel. Moins d’avions, plus d’oiseaux, absence d’interruptions liées à nos autres activités, même les odieux démarchages téléphoniques étaient moins fréquents ! Je dois dire que mon petit côté ermite s’est fort bien accommodé de la tranquille sérénité du confinement, très propice à la création artistique. De nouvelles formes en céramique ont jaillit entre mes mains, de nouvelles couleurs d’émaux sont sorties de mon four, de nouvelles combinaisons ont renouvelé notre collection de bijoux fantaisie. J’ai même enfin réussi à mettre en ligne le site sylluc.com, qui présente nos réalisations.

Mais l’artisanat d’art, ce n’est pas seulement la création. Notre activité n’a de sens que si elle apporte un peu de beauté et de bien-être à d’autres personnes. Bien sûr, je n’ai pas vendu la moindre pièce pendant trois mois, et le maigre compte de notre association est bien raplapla. Mais là n’est pas l’essentiel pour moi, puisque je n’ai pas besoin de vivre de cette activité. La suppression de tous les nombreux marchés de potiers et expositions artisanales, qui d’habitude fleurissent un peu partout au mois de mai, a mis en évidence la grande précarité de nombre de potiers qui avaient déjà bien du mal à joindre les deux bouts en vendant leurs créations et en proposant des cours et stages pour amateurs. Cours et stages qui ont également été supprimés. Mais une exposition, ce n’est pas seulement un lieu d’échanges commerciaux ! Visiter une telle exposition apporte un émerveillement, stimule la créativité, permet des échanges humains bien au-delà de l’acquisition éventuelle d’une pièce sur laquelle on a « flashé » ! De même, l’absence des quelques personnes qui viennent régulièrement travailler à l’atelier n’a pas seulement privé l’association SylLuc d’une petite source de revenus, elle m’a frustrée du bonheur de papoter poterie avec les « complices » qui partagent ma passion !

La structure non lucrative de mon activité me met à l’abri des sérieuses difficultés financières qui frappent d’autres artisans d’art économiquement fragiles, mais du coup, je suis hypersensible à toutes les autres pertes. Pertes non chiffrables en euros, mais véritables valeurs, celles qui font vraiment le bonheur : la beauté, le partage, l’amour des belles choses et des belles personnes. Qui évaluera les coûts affectif, psychologique, relationnel de cette crise ? qui les mettra dans la balance du même côté que les coûts économiques, et face aux gains de sécurité pour évaluer si le remède n’était pas pire que le mal.

L’ensemble des artistes et des professionnel-le-s a droit à considération et soutien !

Par le FNSAC-CGT

Le Président de la République a déclaré samedi 2 mai sur Twitter qu'il annoncerait mercredi des décisions destinées à « accompagner et protéger les artistes les plus fragiles » et « soutenir la création ». La presse annonce par ailleurs ce dimanche qu'un rapport « prévoyant les conditions sanitaires pour la reprise des spectacles » aurait été remis à Emmanuel macron et au gouvernement.

Si nous savions qu’un travail sur ce sujet avait été initié avec le professeur Bricaire, il n'a pas jugé utile de consulter les représentant-e-s des salarié-e-s avant de rendre ce rapport, qui ne nous a d’ailleurs pas non plus été adressé. Comme dans l'esprit du ministre de la Culture Franck Riester qui a fait de même dans le courant de la semaine dernière, réunir les employeurs suffirait donc désormais à estimer qu'on a discuté avec les professionnel-le-s.

Il n’en est rien, et de ce fait, il leur manque des éléments essentiels. Pour atteindre l’objectif d’une reprise dans des conditions permettant de garantir la sécurité des professionnel-le-s ainsi que du public, il faut impérativement que les pouvoirs publics mettent en œuvre une série de mesures urgentes :

  • Du niveau national à celui de chaque entreprise, associer les représentant-e-s des professionnel-le-s aux échanges avec les employeurs et les autorités sanitaires. C'est dans ce but que nous revendiquons la création d'un Comité Sanitaire et Social pour superviser la gestion de la reprise ;

  • Renforcer les financements des structures aidées par l'Etat ou les collectivités territoriales pour leurs missions ou leurs projets ;

  • Instituer un dispositif de soutien à l'emploi artistique et culturel qui rende économiquement viables des activités dont les équilibres financiers sont bouleversés par les normes sanitaires.

Parallèlement, pour sécuriser la situation de toutes celles et ceux qui ne pourront malgré tout pas reprendre, il est crucial d’instaurer les dispositions suivantes :

  • Les dispositifs d'aide aux entreprises telle que l'activité partielle doivent être prolongés ;

  •  Solidairement avec tous les précaires, nous exigeons que l’assurance chômage assure un revenu de remplacement à toutes celles et tous ceux qui sont littéralement privés de travail. Les dispositions des annexes 8 et 10 du régime d'assurance chômage doivent être aménagées pour prolonger les droits jusqu'à un an après la période durant laquelle il est impossible de travailler. Des mesures spécifiques doivent également être prises pour sauver les primo-entrants et celles et ceux en rupture de droits, lourdement pénalisés par l’arrêt de l’activité ;

  • Les règles d’accès aux indemnités de sécurité sociale doivent être adaptées, sans quoi les congés maternité ou maladie ne seront pas accessibles ;

  •  Envisager des mesures financières pour les professionnels subissant les plus importantes pertes de revenus, au premier rang desquels les artistes et technicien-ne-s intermittent-e-s du spectacle, ainsi que les autrices et les auteurs.

Par différents moyens, dont des pétitions rassemblant plus de 200 000 signatures qui ont été envoyées au Président de la République et aux ministres de la Culture et du Travail, l’ensemble des professionnel.le.s du secteur réclame d'une seule voix ces premières mesures pour leur avenir

https://bit.ly/2Vhpa1a
https://t.co/8bQ2PVBCTe?amp=1 

Enfin, après le temps de la crise viendra celui de la reprise. Le gouvernement doit annoncer au bénéfice de nos secteurs du spectacle vivant, de l'audiovisuel et du cinéma un plan de relance à la mesure de ce que nous subissons et subirons encore sans doute longtemps.

Nous demandons de la considération, pas l'aumône. Soutenir financièrement les conditions de la création et les créateurs est un impératif national qui se justifie autant d'un point de vue culturel qu'économique.

 

La culture est un besoin vital

A Sarcelles comme dans toute la France, et dans le monde entier en Mars tout s’est arrêté et le doute s’est installé.

Depuis le début du confinement tous les métiers sont à l’arrêt en panne sèche de rencontres avec le public. Films, festivals, expositions, créations, acteurs, scénaristes, techniciens, tout à disparu de nos écrans réduits aux rediffusions télévisuelles.
Une angoissante incertitude quant à la reprise pour chacun.

Qui pouvait imaginer que de grands festivals comme le Printemps de Bourges ou les Francofolies n’auraient pas lieu et seraient reportés en 2021. Mais ici à
Sarcelles quid des artistes qui devaient intervenir dans la programmation culturelle de la Salle Malraux, de la Salle Berrier ? Quid des intervenants culturels dans les écoles ? Quid du travail du Conservatoire et des représentations tant attendues par le public, les familles, les élèves eux-mêmes ? Quid des artistes intervenant dans les fêtes associatives, dans les maisons de quartiers ?
Tous ces artistes qui nous offrent leur part de rêve, une grande dose d’imaginaire ou une incarnation de l’histoire, des émotions, nous sont indispensables pour notre propre psychisme, pour notre propre avancée culturelle.


L’impact des pertes financières à l’échelle nationale est énorme, plusieurs centaines de milliards d’euros.  Un gouffre financier qui pourrait être multiplié par deux d'ici la fin de l’année. La crise sanitaire liée au coronavirus se traduit donc par un impact immédiat et des dommages collatéraux sur tout le secteur du live, entre conséquences économiques, pertes sèches, chômage et incertitudes futures. 

Les collectivités locales vont là également être en première ligne pour accompagner les artistes, les créateurs, les organisateurs. Elles ont une responsabilité particulièrement lourde à assumer, qu’elles ne pourront pas réussir seules, pour que la reprise de Septembre dans des conditions inédites soit aussi force d’innovation et d’exemplarité pour permettre aux acteurs et aux publics de se retrouver.

Et elles le feront d’autant plus qu’elles ont conscience que la diffusion culturelle ce n’est pas un supplément d’âme,  c'est une des dimensions du vivre ensemble, de l'éducation et de la solidarité. Ce sont des langages à partager et des moyens de communication ouverts à tous pour mieux se connaitre. Ce sont des héritages culturels à conjuguer. Ce sont des outils pour mieux comprendre le monde.

Pour les populations les plus aisées l'accès à la culture se fait sans obstacle et en fonction des goûts de chacun. Pour les familles moins favorisées si la gestion municipale n'y prête pas attention cette dimension de la vie est abandonnée, faute de moyens. Voilà pourquoi à Sarcelles plus qu'ailleurs sans doute la gestion municipale doit tenir compte de ce besoin essentiel.

 

C'est pour ces raisons qu'en pleine crise sanitaire nous en rappelons l'enjeu.

L’Etat doit retrouver le souffle d’un André Malraux, l’ambition d’un Jean Vilar, la capacité créative d’un Antone Vitez, la vision émancipatrice d’un Jack Ralite  et investir dans la culture pour bâtir pour de vrai les jours heureux.

                                                                                        Manuel ALVAREZ

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FAIRE DES ECONOMIES, LA CULTURE SERA POUR PLUS TARD ?     Par Eric CHECCO

 La culture et la création représentèrent avant le confinement, 1,3 million d’emplois en France, soit « le double » de la production automobile ! ( rapport du cabinet EY et France Créative, organisation réunissant des acteurs de la culture, Sacem, le CNC, la SPQN ...).

La croissance des industries culturelles est plus élevée que celle du reste de l’économie française. Les institutions de la musique, du cinéma, du théâtre, de la presse, du livre et du jeu vidéo ont enregistré « une croissance supérieure au reste de l’économie française (+0,9%) » !

 

Oui, la culture émancipe les esprits et booste également, les moteurs de l’économie française. Au niveau local, il faut croire en la culture, mettre des moyens, et conjuguer en synergie les différents domaines économiques comme la restauration, l’insertion professionnelle, le tourisme. En effet, la culture consolide l’industrie du tourisme, qui sans le pouvoir attractif de la culture, serait en jachère. Point n’est besoin d’un Musée National ou d’un vestige gallo-romain pour imaginer un impact touristique dans nos banlieues… Grâce à l’art vivant notamment, le mode de vie, la diversité, les marchés aux légumes…. Développons donc les prétextes à la rencontre et à la fierté de nos communes qui bouillonnent de vie !

Pour quelle raison, le secteur culturel reçoit un soutien de 50 millions d’€uros alors que le tourisme 18 milliards ?

Comment entendre alors, le discours du Président qui parle de « refonder une ambition culturelle pour la France en libérant les énergies créatrices et en donnant aux artistes confiance et visibilité »

Nos paradigmes ont été bousculés, un réveil brutal porteur de changements ? Il ne faudra pas se rendormir trop vite !

L’inégalité a prôné durant la pandémie. Loin d’incriminer qui que ce soit, sur une situation très ancienne, le Covid a démontré, en comptant ses morts, la différence entre les citoyens…

On mourrait davantage dans les quartiers populaires que dans les zones riches. On a découvert aussi, une nouvelle pauvreté, plus affective dans nos Ehpads qui compte, plus de 10.000 morts. On redécouvre aussi la légitimité des dernières luttes ouvrières et des revendications du personnel de santé.

Tout redevient clair, au réveil…On s’inquiète aussi, des comportements alimentaires qui contraignent les plus pauvres à manger mal…

Pour la production artistique, c’est tout pareil.

Les troupes de théâtre étouffent, les écoles de danse privées se sclérosent…On cherche maintenant à nourrir les artistes par des denrées pauvres qui ont vocation à calmer leur faim. On leur demande d’animer nos têtes blondes pour 10 € brut la vacation. On demande à Van Gogh de planter son chevalet dans la cour de l’école d’Auvers sur Oise et d’animer un atelier de peinture. Le fera-t-il pour payer son loyer ? On pointe du doigt Paul Eluard pour qu’il justifie son intermittence en faisant des ateliers d’écriture à St. Denis.

On réinvente la pauvreté.

Ici encore, la pandémie a frappé les plus pauvre. Les saltimbanques resurgissent le ventre creux !

 

« les gueux, les riens, les chiens, les pauvres… »

Gontrand DAMAS

 

Nous les compagnies non-conventionnées, nous les non-subventionnés, nous la multitude des danseurs sans lieux, la multitude des poètes sans micro et sans scène…

Ceux-là même qui paradent gratuitement au festival d’Avignon et qui amusent les touristes parisiens du In... Ceux-là même, qui ont tout risqué pour répondre à l’appel irréductible de l’art et du partage.

Dans ces heures sombres où les libertés ont été rongées, où les plus fragiles et les « sans dents » ont pris en pleine mâchoire la crise sanitaire, les artistes ont vite pris conscience de leur mission, donnons-leur les moyens de vivre et de redonner des couleurs aux visages défaits !

 


Et puis, Il y a, aussi, un sous­-sol, encore plus bas dans la perception collective, en dessous des compagnies : Le Hip Hop avec tous ces créateurs de public et créateurs de vie pour nos quartiers et pour la Nation toute entière. Ceux qui créent de nouveaux styles de danse à chaque battle. Ceux qui change les codes esthétiques par leur peinture aérographe, et donne des couleurs au béton, ceux qui transforment le rythme en beat maker, le chant en appel à l’indiscipline. Ils ont le public mais pas les moyens. Ils ont la créativité mais pas les subventions.

Ce sont les artistes malmenés et indociles, les femmes battues et rebelle de la culture, chroniqueurs des temps modernes…

 

 

« La culture qui est passion et raison, intuition, intelligence, désir et volonté tout ensemble, la culture c’est ce au nom de quoi et ce par quoi une civilisation se choisit. »

 Aimé Césaire

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QUELLES ACTIONS PENDANT LE CONFINEMENT ? Par Eric CHECCO

Mon métier dans évènementiel et le théâtre, par nature, est une rencontre avec le public. Quand je fais la mise en scène, des Opening Ceremony au stade de France, par exemple, c’est 80.000 personnes qui sont conviées à la fête ! Mon métier ne sera plus le même. Tout est très troublant...Tout est très excitant aussi, car tout appel à l’innovation !

Nous avons besoin de reprendre pied dans l'espace public, de respirer à plein poumons et bouger nos corps et nos cœurs !


J’ai mis en place, en attendant, deux projets corona-compatibles !

LES COURS INTERNATIONAUX  DE THEATRE :

LA CULTURE AUX BALCONS :

J’ai été amené à rencontrer beaucoup d’artistes dans mes tournées. Pendant le confinement, j’ai senti chez plusieurs un abattement, un lâcher-prise destructeur.

A la demande de beaucoup de comédiens, j’ai lancer une série de 10 cours d'Art dramatique sur Zoom.

Pour conforter l'apprentissage du jeu d'acteur et la construction du personnage.

Donc, tous les lundis de 21h à 23h, nous travaillons à 25 ou 30 , écrivains, chorégraphes, comédiens, danseurs ! Ils sont d’Italie, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Congo, des Caraïbes, de Bretagne, du Luxembourg, de Marseille, de l’Ile de la Réunion et Maurice…

La sélection s’est faite en message privé. J’ai accepté ceux qui avaient un projet professionnel sérieux, même débutant.

La formation est sanctionnée par une Attestation de fin de formation, histoire de faire « sérieux ». Les seules conditions sont, le désir de remettre en perspective ses propres procédés, de l'humilité, une capacité d’écoute, une bonne connexion internet.

J’ai dû arrêter les nouvelles inscriptions, tant le désir de travailler était fort, partout dans le monde. Ce projet a mis en lumière le besoin de partager entre artistes.

Les projets de spectacles ou d’écriture qui émergent sont très sensibles, très puissants, et si utiles pour notre société.

J'ai longtemps hésité, et j'ai décidé de livrer mon travail très sérieusement et gratuitement.

"Celui qui donne reçoit toujours plus que celui qui prend."

Donc, ne vous inquiétez pas de mon statut d'artiste précaire !

J'ai perdu, comme beaucoup, toutes mes directions artistiques, l’évènementiel a souffert à 100% dans ce temps de confinement... encore plus durable, pour les artistes..
Nous aurons tellement de mal à retrouver l'abondance dans notre activité. Festivals annulés, spectacles remportés, théâtres fermés, Stades sans public...

Je me suis rappelé que notre plus grand et plus beau travail, est dans notre atelier intérieur. Notre jardin secret. Notre temps personnel, notre point de vue original et unique sur l'œuvre en gestation.


Pour tout cela, point n'est besoin de scène, point n'est besoin de festival, point n'est besoin de théâtre !

J’ai déjà tellement reçu en retour que j’envisage une cession de consolidation dans quelques mois et une Master class au Cinéma Majestic à Abidjan avec un collectif de réalisateurs ivoirien.  

Nous avons réuni un collectif de citoyens qui ont fait comme tout le monde ou presque, on s'est retiré, nos projets ont changés, le rapport au temps à évolué, d'autres histoires s'ouvrent...Et ce besoin quasi incompressible d’apporter une sorte de consolation et un apaisement à nos prochain afin de guérir ensemble… 

La seule façon que j’ai trouvé de sortir du cauchemar, c’est de me remettre en action, être acteur ! Agir pour arrêter de subir.

Pendant que nous parlons, le monde proche et lointain est en souffrance. Il n’a pas encore mis des mots post traumatiques, le regard de l’art est plus que jamais essentiel.

Un groupe d’artistes de Sarcelles, modern Jazz,Hip hop, Gospel, chanteurs s’est réunis avec des bénévoles citoyens. La première démarche est de proposer des formes légère de spectacle en itinérance. Le premier site d’expression sera devant l’Epad de Sarcelles, pour soutenir les cœurs endeuillés, partager les joies d’aujourd’hui et exprimer la solidarité pour toutes les luttes…Nous iront ensuite sur la Place de France et au Parc Kennedy.

Nous sommes sur les starkings Bloks, prêts à ouvrir le rideau symbolique à l’instant où la Préfecture autorisera les rassemblements…

COMMISSION CULTURE DU PCF

La culture n’est pas une catégorie comme une autre de l’action publique. C’est une condition de la politique, celle qui donne le sens de notre combat pour l’émancipation humaine.
Le capitalisme globalisé et financiarisé tente de fabriquer du consentement en s'emparant des imaginaires. Il nous faut organiser la contre-offensive sur le terrain des luttes, des idées, des imaginaires pour résister et construire une alternative aux eaux glacées du calcul égoïste comme aux eaux glauques de la haine : il n’y a pas d’émancipation politique sans émancipation culturelle.

Parce que la défense de la liberté de création et de la culture pour tous est dans le droit fil de notre histoire, inventons un nouveau projet, avec toutes les composantes du monde de l’art, de la culture et de l’éducation populaire, avec toutes les forces qui agissent pour une autre société et un autre monde.

QUELLES IDEES DU PUBLIC APRES LE CONFINEMENT par E.C.

Il faudra bien se réinventer !

Le temps de la reconquête du public sera très long…

 

Vers une dynamique de résidence et de proximité :

Reprenons le modèle qui a « sauvé nos assiettes » lors du confinement avec les denrées alimentaires de proximité, proches des producteurs…

Développons des producteurs de nourriture esthétiques et culturelles. Créons des résidences d’artistes locaux et ainsi permettons aux jeunes créateurs d’avoir leur place pour un temps de recherche et de création.

Créer la proximité avec les artistes :

Nos lieux habituels seront vides pendant encore longtemps. Il faudra faire de nos lieux de véritables ateliers de rencontre, d’écriture avec des comédiens interprètes et des écrivains.

Permettre un autre rapport à l’œuvre. Le temps des répétitions est très long pour élaborer une création, pourquoi ne pourrions-nous pas envisager des intrusions de spectateurs en petits groupes dans le process créatif sur les derniers filages par exemple ?

Ceux qui ont eu la chance d’assister à une répétition sont tellement nourris. C’est au moment de la répétition que toutes les questions se posent.

Le théâtre ne doit pas être un hall de gare où on ne fait que passer ! Il est un lieu de vie…Permanent. Une maison d’artistes où se croisent les publics, les artistes, les œuvres, les révoltes, les espoirs.

Réinventer la communication et la diffusion.

Créons des passerelles structurelles entre les services, les associations, les entreprises, les bailleurs, les artistes ! Communiquons différemment : les fameuses plaquettes de saison culturelle sont comme le bon vieil annuaire en papier, bottins distribués par la poste… Plus personne ne les consulte !

Devenons numérique dans notre approche du spectacle vivant, ce n’est pas antinomique.

Repenser les contrats de cession des spectacles :

Il faudra prévoir, par exemple, une nouvelle façon de rédiger les contrats de cession avec les productions artistiques. Je suis partisan de prendre model des réflexes numériques durant le confinement : tout filmer, faire des direct live Facebook, faire des conférence Zoom.

Redonner l’envie de la fraternité, même au travers d’un écran !!!

 

On dit toujours aux spectateurs en rentrant dans les salles de spectacle : « Eteignez vos portables ! Il est interdit de photographier ! Défendu de filmer ! », moi je dirais bien, « allumez vos portable, diffusez partout auprès de vos amis, sur tweeter, tiktok, facebook live, partagé les photos du spectacle sur instagram ! diffusez sur snapchat ! Enregistrez, partagez ! Partagez ! Partagez !!!!

Faire de nouveaux contrats de cession avec les artistes programmés :
Vous serez filmé
Vous devrez en amont rencontrer votre public en extérieur, dans les centres sociaux, les maisons de quartiers, les Ehpad, les places publiques !
Vous permettrez des visites discrètes pendant les répétitions.

 

LE TEMPS N’EST PLUS à LA RETENUE !

Le public est mon voisin, s’il ne peut venir au théâtre, le théâtre viendra à lui !

 

« Dans notre monde déspiritualisé, la culture est encore la dernière chose qui nous permette de dépasser le monde quotidien et de réunir les hommes. »

 

Eugène Ionesco 1976

QUELLE VISION DE LA CULTURE DANS LES VILLES POPULAIRES ? par E.C.

Le spectacle vivant, avec sa charge d’émotion, touche le plus profond de l’habitant et créer un terrain nouveau de rencontres sincères et parfaitement authentiques…

La culture dans l’espace public aide à découvrir un autre monde, une autre pensée, un artiste, un metteur en scène, un auteur, ou encore mon propre voisin, qui assiste comme moi au spectacle. A condition que l’organisateur ait prévu en amont et après le spectacle, des sas de rencontre…

On entend souvent que la culture c’est « la cerise sur le gâteau », quand tout le reste, plus important, est pourvu ... La voirie, c’est le corps, les transports c’est les fluides, l’éducation c’est la tête, la culture, c’est l’âme.

La culture est donc, le levain qui fait monter toute la pâte sociale d’un territoire. Comment rencontrer les pays lointains des habitants multiples des quartiers populaires ? Comme effacer ces représentations que l’on aime caricaturales ou exotiques des gens qui nous entourent dans les cités.

Comment voyager au plus profond de la pensée des grands écrivains, femmes et hommes, traducteur de la même souffrance ou du même désir ? Seul le théâtre nous murmure les émotions, les multiples vérités, les logiques les plus étranges, les prouesses les plus inaccessibles ... au théâtre, on recrée le monde, on espère de nouveau, on se bat jusqu’au sang, on transpire, on meurt, on revit, on aime. Tant d’émotions fondatrices et structurantes pour chacun. L’artiste loin d’être une bête de foire étrangère, fini par nous ressembler, nous faire connaître et comprendre tant de couleurs et tant de portes d’entrée au monde et nous donne les clés pour comprendre sa propre nature humaine.

 

« Remplir le Théâtre et les lieux de diffusion » est certes une cible à atteindre, mais avec qui ? et pourquoi ? Que souhaitons nous offrir au spectateur que souhaitons nous déposer durablement tout au fond de lui ?

La formation des publics, enfants, et adultes, l’aide à la création et enfin la diffusion sont des sujets très sérieux.

Faut-il répondre à la demande de certains spectateurs au risque de priver d’autre public moins bavard.

 

« On parle souvent de la violence des torrents, mais jamais des rives qui les enserrent »

                                                                                            Bertold Brecht

 

Comment à Sarcelles est-il possible d’élargir le lit du torrent, et créer des espaces d’émerveillements et de repos, des plages de rencontre ?

La pandémie doit nous ramener à l’humilité, et pousser à aller aux choses essentielles : le lien avec ses proches et la solidarité.

Une politique culturelle ambitieuse développe l’individu et concoure au bien-être des populations entre elles.

L’enjeu culturel d’aujourd’hui et le parti communiste
Par Marc Brynhole Responsable Culture au PCF

Même marquée par bien des vicissitudes, des virages et des erreurs, l’histoire du PCF se conjugue avec une place quasi existentielle de la culture. C’est un acquis puissant pour aujourd’hui à condition d’être fondamentalement dans le présent.

L’engagement des artistes et des intellectuels
« Transformer le monde », a dit Marx ; « changer la vie », a dit Rimbaud » ; « ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un », affirmait André Breton. Quel symbole que ces cinq tout jeunes poètes qui donnèrent en janvier 1927 leur adhésion « collective » au Parti communiste français : Louis Aragon, Jacques Baron, André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret et Pierre Unik. Ils avaient entre 18 et 30 ans. Leurs valeurs, affirmaient-ils : l’antimilitarisme, l’internationalisme, l’anticolonialisme. C’est ainsi qu’ils disent se reconnaître dans le PCF, même si le compagnonnage fut un véritable paradoxe, eux campant sur des certitudes quelque peu nihilistes parfois, et un parti qui ne leur offre pas les moyens de peser sur les orientations politiques, tout en accentuant son isolement dans la société dans une ligne « classe contre classe ».

« Ensemble, nous pouvons beaucoup pour redonner sens au mot partage.»

Plus tard, un nombre considérable de grands artistes, d’intellectuels ont « fréquenté » ou ont été membres du parti communiste. L’attachement et les attentes à l’égard de celui-ci ont été si forts que les ruptures pour beaucoup dues aux drames du stalinisme ont été de profondes déchirures. Ce parti, parfois si sûr de lui, n’a pas su et n’a pas voulu voir combien sa propre proximité au monde de l’art – comme sa proximité d’avec le peuple d’ailleurs – lui imposait de responsabilités, et combien devenait inconciliable un projet d’émancipation humaine avec le dirigisme, l’art d’État, la primauté du politique sur le sensible. Et pourtant, des travaux, des recherches, des remises en cause profondes, le débroussaillage d’idées anciennes pour faire place à des innovations ont été conduits. En décembre 1968, on peut lire sous la plume d’Aragon, dans un texte fondateur pour l’époque – Le Manifeste de Champigny – qui place la démocratie comme axe majeur de la transformation sociale : « La culture, c’est le trésor accumulé des créations humaines. Et la création artistique et littéraire est aussi précieuse que la création scientifique, dont elle ouvre parfois les voies. […] L’héritage culturel se fait chaque jour, il a toujours été créé au présent, c’est le présent qui devient le passé, c’est-à-dire l’héritage. C’est pourquoi l’on ne saurait limiter à aucun moment le droit qu’ont les créateurs à la recherche. »
À propos de la culture scientifique, en 1985, le grand mathématicien récemment disparu, Jean-Pierre Kahane disait : « Chaque individu ou groupe social a besoin d’un système de repères pour se retrouver dans un monde en pleine évolution, ce qui suppose des repères tout à la fois fiables et mobiles, des repères qui épousent le mouvement des connaissances » et, plus loin, « on ne trouvera les repères convenables pour maîtriser notre époque, qu’en restant au niveau des connaissances scientifiques et techniques » ; « il ne s’agit pas de tout savoir, mais d’épouser les grands mouvements ; être capable, avec ces repères, de porter un regard critique sur l’évolution du repère lui-même ».

« Il faut placer la culture au cœur du changement démocratique et, d’un même mouvement placer le changement démocratique lui-même au cœur de la culture.»

Et, en 1997, Antoine Casanova, autre grand intellectuel communiste, lui aussi disparu très récemment, disait à propos des œuvres artistiques qu’elles ont « une immense et subtile capacité de résonances symboliques directes et indirectes, conscientes et inconscientes, qui sont tout à la fois historiquement situables et historiquement mouvantes et inépuisables. […] L’accès à ces œuvres et aux pratiques qui s’y rattachent est ainsi source d’irremplaçables possibilités dans l’exercice de toutes les formes d’activité de mémoire et de pensée comme dans la perception la plus fine des multiples relations entre les différents niveaux du réel. L’appropriation des dimensions esthétiques de la culture constitue ainsi une richesse dont l’absence est mutilante pour les citoyens ». Et je fais totalement miens ses autres propos d’une grande clairvoyance face aux mutations profondes de la société du XXIe siècle : « La culture […] est ainsi constituée par tout ce qui contribue à faire d’un sujet humain un être social, pleinement développé. La formation et l’enseignement, l’activité productrice et les qualifications, la connaissance scientifique et technologique, la pratique de toutes les formes d’expression artistique, l’exercice de la démocratie (de l’entreprise à la cité, la région, la nation) constituent autant de moyens et d’outillages matériels et symboliques pour élargir les capacités humaines, donc autant de moyens de culture. »  

Culture et inégalités sociales, enjeu de démocratie
En vérité, ce qu’on peut entendre par culture n’est ni « supplément d’âme », ni être en confusion avec le divertissement. Elle doit être l’objet d’une bataille politique et démocratique incessante en vue de son élargissement. La culture, dans sa complexité, dans son étendue, est un des outils essentiels qui construit cet être social pleinement développé. Voilà sans doute le cœur de la question : comment agir le plus concrètement possible pour favoriser le développement d’une démocratie étendue à des rivages nouveaux pour l’intervention humaine dans tous les aspects de la vie, aussi bien qu’ouverte à toutes les formes d’art comme aux pratiques artistiques inclu­ant un développement considérable de l’éducation populaire par toutes les formes d’échanges.
Au-delà des obstacles rencontrés, des idées dévoyées dans le communisme, réfléchissons à la manière dont ce collectif humain a su puiser les ressources théoriques, mais aussi animer des engagements concrets, lever les obstacles et ouvrir de nouveaux chemins. Soulignons, par exemple, l’esprit de novation et le courage qui a conduit les municipalités à direction communiste à développer la culture dans leurs villes dès les années 1950 : les dotant d’établissements dédiés, invitant des artistes, favorisant les pratiques pour tous. Ces villes ont été et pour certaines sont encore des modèles de développement culturel. Je songe aussi aux nombreux élus communistes ayant la culture dans leurs responsabilités et qui ont joué et jouent un rôle moteur dans leur localité ou institution, et à la Fête de l’Humanité, dé­mons­tration de la rencontre entre art et peuple.
Jack Ralite disait : « Les œuvres sont intransigeantes et ce qui peut aussi améliorer leur appropriation par le plus grand nombre, c’est d’abord le recul des inégalités sociales et territoriales qui ont tendance à exploser en ces temps où la précarité, le chômage de masse, les bas salaires, le culte de la violence, l’idéologie asservissante du divertissement rendent difficile et quelquefois impossible une nouvelle rencontre entre le peuple et la culture. »

« Prendre à bras-le-corps ce qui naît de positif dans notre monde, sortir des vieux codes, refuser les entre-soi.»

Il faut placer la culture au cœur du changement dé́mocratique et, d’un même mouvement placer le changement démocratique lui-même au cœur de la culture. La société du XXIe siècle ne pourra se développer sans le partage des savoirs et de la culture, ni sans un considérable effort de formation et d’ouverture au monde, à la création. Jamais les besoins de formation et de créativité n’ont été si nécessaires mais le capitalisme financier conduit toute la socié́té dans le mur. Pour sortir de cette contradiction, il faut partager avec justice et équité les compé́tences entre l’é́tat et les collectivités locales, en arrêtant de dépouiller budgétairement les politiques culturelles, pour garantir les droits culturels. Un service public de l’Internet permettrait le libre partage des savoirs, des œuvres et des idées. La promotion de formes nouvelles de production devrait s’ouvrir à la cré́ation et à la diffusion de l’art dans la pluralité et la diversité des expressions mais aussi à toutes les pratiques avec un essor sans précédent de l’éducation populaire. Les programmes et pratiques scolaires doivent être repensés, pour construire une culture commune de haut niveau et donner, à tous, les moyens de se l’approprier. Socialisation de l’art, développement de l’esprit critique, travail de rapprochement entre art et éducation populaire, soutien aux créatrices et créateurs ainsi qu’aux militantes et militants de l’action culturelle et artistique à l’école, dans la cité́, dans l’espace du travail. Les pratiques sociales et culturelles se modifient. La révolution numérique bouleverse aussi bien le rapport que les accès aux biens culturels. Elle pose des questions nouvelles et beaucoup de gens y travaillent, cherchent des voies positives pour le développement humain. Il est devenu indispensable de soutenir recherches et expérimentations. Ainsi, ce questionnement en débat chez le personnel de médiathèques : « Comment les centres culturels peuvent-ils adapter leur offre aux nouvelles attentes ? Quelles sont la place et la légitimité de la médiathèque sur le territoire culturel ? [...] Quel est l’avenir du livre et de sa médiation à l’ère du numérique ? [...] Y aura-t-il encore des enfants lecteurs au XXIe siècle ? » C’est aussi la place du jeu vidéo qui est examinée, le rôle de l’écran tactile pour écrire, créer et raconter, mais aussi la place du livre papier, son utilité et même sa nécessité qui sont examinées. L’un de ces colloques prend pour thème : « Des structures du monde entier expérimentent, innovent, inventent chaque jour les troisièmes lieux de demain ».
Les pratiques nouvelles laissées dans les mains du marché aggravent les clivages sociaux. Comme l’indique un rapport ministériel paru en 2008 : « Les jeunes et les milieux favorisés sont les principaux utilisateurs de l’Internet et des nouveaux é́crans, à la différence de la télé́vision dont la consommation a toujours été plutôt le fait des personnes âgées et peu diplômées. » Quant à la lecture, les différences entre milieux sociaux ont eu tendance à se creuser au cours de la dernière décennie du fait du décrochage d’une partie des milieux populaires, notamment ouvriers. Mesurons-nous assez la profondeur des change­ments en cours chez les jeunes générations. Le même rapport nous dit ainsi que : « Les personnes de moins de 35 ans sont les principales responsables de la baisse de la durée d’écoute de la radio et de la télévision au cours de la dernière décennie, elles affirment sans ambages leur préférence pour les films et les musiques anglo-saxonnes à la différence de leurs aînés, et ont activement participé au recul de la lecture de quotidiens et de livres tout en manifestant certains signes potentiellement inquiètants en matière de fréquentation des équipements culturels : légère baisse de la fréquentation régulière des salles de cinéma masquée au plan géné́ral par la progression des 45 ans, tassement de l’inscription et de la fréquentation des bibliothèques, recul dans le domaine des musées et surtout des concerts de musique classique. »

« Si nous révolutionnions la culture pour cultiver la révolution ?»

Aucune de ces questions – et il y en a bien d’autres – n’est secondaire. Elles posent toutes, bien au-delà de leur spécificité, le grand enjeu des droits et des pouvoirs partagés. Soit le pouvoir de l’argent domine et impose ses solutions durablement, et c’est la voie royale pour une société où priment l’individualisme et la concurrence, une société où la course au profit conduit à la médiocrité, voire à la violence ou à l’intolérance. Soit l’accès à des pouvoirs et à des moyens nouveaux pour les artistes comme pour les citoyens devient incontournable.
Alors il faudra créer des lieux d’échan­ges, « pousser » l’éducation artistique à l’école, mener une offensive pour la démocratisation des actuels lieux culturels, créer une télévision ouverte, pluraliste et inspirée, aider le cinéma de création, investir d’intelligence et de créativité les nouveaux supports, bref remettre la culture au cœur des politiques comme le défi de ce siècle.
Le chantier de la culture va de pair avec la lutte contre les inégalités. Le psychanalyste Roland Gori le dit à sa façon : « La France qui se lève tôt n’a plus le temps de raconter ses rêves. Lorsqu’on n’a plus le temps de raconter des histoires, on tend vers une société purement animale, où chacun est assigné à une tâche fonctionnelle. La grande menace, c’est que nous vivons dans une civilisation technico-économique qui laisse peu de place à la pensée. Sans culture, nous n’avons aucune chance de pouvoir un jour construire notre identité. » 

Des travaux, des expériences nouvelles ouvrent des voies
Le logiciel communiste qui place les droits et les pouvoirs comme moteur de l’action a véritablement la capacité de répondre à ces enjeux. Il ne s’agit pas seulement de défendre l’existant mais aussi de mener les batailles cons­tructives et potentiellement ga­gnan­tes pour répondre à ces nouveaux défis dans un esprit d’action commune avec toutes et tous.
Ici c’est le credo de Federico Garcia Lorca qui revit disant : « Il faut que la poésie sorte du livre et aille dans la rue. » Je pense par exemple à ces arts mais aussi à ces pratiques de la rue qui font beaucoup pour toucher, émouvoir le plus grand nombre. Les pratiques créatrices souvent conduites par des jeunes réinventent les chemins de la poésie et de la danse avec le spam, le rap ou les danses urbaines.
Au cœur de notre monde bouleversé, des expériences nouvelles conduites par des artistes dans des zones rurales lient ce nouveau monde – la ruralité – ou le périurbain avec la création, emportent ici les spectateurs-citoyens à bicyclette dans des décors naturels, se réappropriant d’un même mouvement leur propre paysage et leur sensibilité, ou là créent des joutes de philosophie entre villages, ou encore des épiceries culturelles itinérantes ou de quartier, afin, but ultime, de n’oublier personne.
Des élus locaux se mobilisent pour leur cinéma de quartier ou de village, investissent pour des médiathèques de notre temps, qui font en sorte que le patrimoine ne soit pas restreint à une petite couche de la population.
Concours d’écriture, de photographie, et même poste de poète créé dans un département de France, des événements bousculent la société loin des cercles prétendus érudits qui si souvent parlent en son nom. Le monde associatif si vigoureux malgré la crise et la suppression de leurs emplois répond aux enjeux considérables du bien vivre ensemble en favorisant les réseaux d’échange et de savoir, ou encore en construisant les passerelles avec les artistes. Pour tout cela, l’éducation populaire est la pierre angulaire
Prendre à bras-le-corps ce qui naît de positif dans notre monde, sortir des vieux codes, refuser les entre-soi parfois aveugles au monde, démultiplier la lutte pour la démocratie culturelle, ouvrir portes et fenêtres de lieux culturels qui, malgré leurs efforts, restent bien souvent trop des temples et moins des laboratoires vivant de la citoyenneté comme de l’émotion et de la réflexion.

Faire du commun
Ce monde dominé par le 1 % de la rentabilité à tout prix conduit avec violence à l’uniformisation et à la normalisation des cultures sur un modèle unique alors que la diversité des sources et des pratiques est essentielle parce qu’elle crée les passerelles et les liens forts entre les humains. La notion de patrimoine commun se heurte aux lois d’un marché qui impose les mêmes musiques sur les radios et les télévisions, souvent les mêmes auteurs, les mêmes films des « majors-compagnies », etc. En parallèle, un milieu de la culture, créatif et imaginatif mais qui, face aux déferlantes libérales, s’enferme parfois quelque peu dans l’entre-soi.
Ne devons-nous pas, ensemble, trouver les chemins de cette indispensable appropriation populaire de la culture et en faire une cause nationale. L’heure est venue d’un nouvel élan. Je souhaite lancer cet appel : « Ensemble, regardons ce monde en face et prenons la mesure des désastres qui sont déjà là et ceux, si graves, qu’annoncerait renoncement ou démobilisation. Ensemble, nous pouvons beaucoup pour redonner sens au mot partage. » Mon appel, à l’opposé d’un caporalisme utilitariste de la création, est une main tendue et une invitation à faire du commun dans une diversité ouverte et constructive. Des milliers d’artistes, des professionnels de toutes disciplines « labourent » le terrain. Pris dans les rets de régimes sociaux injustes et dépassés, ils sont, dans les quartiers de nos villes ou dans les zones rurales, des travailleurs infatigables et si peu reconnus parfois par leur propre milieu.
Parlant de droits culturels, de coconstruction avec les habitants, de participation, un colloque de responsables de services culture recentre le débat : « Il s’agit de passer d’une conception esthétique de la culture à une dimension anthropologique, et de reposer le lien entre art, société, culture et éducation. Les enjeux aujourd’hui ne concernent plus uniquement l’objet art, mais le mieux vivre ensemble, l’accè̀s à sa propre identité et le développement de ses potentialités. »
Beaucoup de choses nous invitent sans aucun doute à revisiter ce qui a fait la culture depuis les années 1950. Je souhaite qu’on ait ces débats car ils sont importants. Et puis, par exemple, ne faut-il pas concevoir les institutions culturelles non plus comme des lieux principalement dédiés à̀ la diffusion d’une offre, mais comme des lieux de ressources en direction des populations ? Vaste chantier d’innovation. Et même si, dans le projet communiste, la dimension culturelle est au cœur, ne devons-nous pas engager nous-mêmes une véritable mobilisation contre ce qui se vit trop souvent comme un affaiblissement de la cause culturelle vécue en enjeu politique et citoyen ?
Ne faut-il donc pas écrire partout pour poursuivre notre trilogie républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » : « Des savoirs, des droits et des pouvoirs », tout comme le pain, la paix et la liberté de 1936. Des savoirs pour comprendre le monde et agir sur lui et des savoirs pour s’émouvoir aussi. Des droits à vivre libre et en paix, des droits pour soi et des droits pour toutes et tous ; et puis des pouvoirs dans la ville, dans le pays, dans l’entreprise, pour que le 1 % ne dicte plus sa loi à l’immensité humaine. Alors, pour tout cela, pour notre avenir partagé et pour reconstruire le souffle d’un communisme ancré dans l’objectif d’émancipation, le besoin de culture est d’une intense priorité.
Alors, et si nous révolutionnions la culture pour cultiver la révolution ? l

Marc Brynhole est membre de l’exécutif national du PCF et animateur du collectif Idées. Il a été élu à la culture de la région Centre de 1998 à 2015 et de La Ferté-Saint-Aubin de 2001 à 2014.

• Cause commune n° 7 - septembre/octobre 2018

« Pas de culture
sans droits sociaux,
sans argent
et sans perspectives »

Par Christian VAUDESCAL

 Il y a un peu plus d’un an, le 4 avril 2019, à la veille de l’ouverture des négociations de la convention UNEDIC, les communistes dans une tribune de « l’humanité » affirmaient, par l’intermédiaire de Pierre Dharréville, responsable du PCF en charge de la culture, qu’il était indécent de demander aux partenaires sociaux d’effectuer 3,9 Milliards d’économies sur trois ans, alors qu’on sait que moins de 45% des salariés privés d’emploi sont indemnisés. Tous les emplois précaires verraient leurs allocations chômage diminuées de façon drastique.

On sait depuis, hélas, que les travailleurs à emplois discontinus et donc déjà les plus précaires et les plus pauvres, ont vu le 18 juin
suivant de cette même année 2019, à travers la réforme de l’assurance-chômage présenté sans état d’âme par Edouard Philippe et Muriel Pénicaud, leurs droits réduits de manière drastique, tragique et même historique…

Fort heureusement, grâce à leurs luttes incessantes souvent au côté de la CGT-spectacle les intermittents du spectacle, appuyés par les artistes, et tous les personnels impliqués dans la vie culturelle sont passés, pour le moment, entre les gouttes du massacre programmé… Mais l’avenir n’est pas rose pour autant.

Le 6 mai dernier, notre vénéré président, dans un show Manager-Management-chemise-cravate dont il a le secret a annoncé « une année blanche » pour les intermittents du spectacle. ( Prolongation de leurs droits jusqu’en août 2021) Ce qui était le moins que pouvait faire ce gouvernement qui jusque là était resté aux abonnés absents. En contrepartie de quoi il demande à ces mêmes intermittents « d’inventer » alors qu’ils passent leur temps à inventer auprès des écoles, des lycées, des publics de théâtre, dans

les festivals, etc… Que c’est l’essence même de leurs profession. Et pendant que s’écoulent ces belles paroles, le ministère de la culture

demeure hanté par un fantôme du nom de Frank Riester.

Notre président nous a donc dit que « la culture avait un rôle à part » On ne s’en était pas aperçu, mais bon c’est peut-être qu’il parlait à mon oreille

droite et que je préfère écouter de la gauche. Il nous a parlé « du génie français », « des utopies concrètes » Ah les utopies concrètes! c’est beau ça!

Ça mange pas de pain et ça coûte rien! Il a invité les intermittents à jouer les animateurs du temps périscolaire, ce qui n’est pas leur travail… Passons… Il a parlé de Refondation mais n’a proposé aucune planification à long terme.

Quand il promet des Milliards à Renault ou à l’aéronautique, il offre généreusement , par exemple, 50 millions Au Centre National de la

Musique… Aucune introspection, aucune vision. A ce niveau d’égarement libéral, c’est de la pathologie.

Et les scénaristes, les Auteurs, les gens qui vivent de leur plume, que deviennent-ils ? Eux n’ont même pas le statut d’intermittent. Et les librairies

qui sont restées fermées pendant 2 mois ? Et l’Edition ? …Le catalogue des immenses besoins du monde de la Culture demanderait des perspectives

nouvelles et chiffrées.

Face au cataclysme prévisible, face au désarroi, le monde de la culture s’attendait à de l’ambition. Il n’a eu qu’une soupe froide au petit légume (un

seul petit légume, hé ho!)

Que devient dans tout ça notre exception culturelle ? Celle que l’on oppose à la stricte logique commerciale. Celle qui s’oppose à la promotion

progressive et agressive d’une logique de rentabilité rongeant l’ensemble des politiques publiques.

Le soutien à la culture n’est pas un coût mais un investissement universel.

Ce à quoi Jean Vilar ajoutait: « La culture c’est comme l’eau, le gaz, l »électricité, c’est un service public ».

Et à Sarcelles
Par Christian VAUDESCAL

A Sarcelles, l’éventail culturel proposé est large et s’adresse au plus grand nombre: Depuis l ‘Ecole d’Arts Janine Haddad en Passant par le Conservatoire de Musique à Rayonnement Communal ou le REC Studio, la Bibliothèque dans le grand ensemble et l’espace Livre-échange récemment ouvert  au village. La maison du Patrimoine et le festival des musiques du monde qui s’y déroule chaque été dans la petite arène (Le théâtre de verdure) aménagée dans son jardin pédagogique. Et toute la saison culturelle: Expositions, théâtre, musique, etc…
Beaucoup d’associations aussi proposent des ateliers dans des disciplines aussi différentes que la photographie, la danse, le Gospel, les visites d’expositions, etc… Bref, Sarcelles est une ville active culturellement .
Mais si l’éventail des propositions est large quant au choix des spectacles à réserver ou des ateliers dans lesquels s’investirent, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là de la culture considérée comme un loisir, ce qui n’est qu’un de ses aspects Le loisir considéré comme un « plus » ou comme un ajout à la vie professionnelle est sans conteste une nécessité dans une grande ville comme la nôtre mais ne peut suffire parce qu’il considère le citoyen comme un spectateur et non comme un acteur de la vie culturelle. Or Combien de jeunes ou de moins jeunes quand ils touchent au théâtre à la musique ou à la chanson pour ne citer que des exemples que le connais se sentent désemparer quand il s’agit de franchir le pas qui peut les mener vers des carrières professionnelles …. Le manque d’argent, le manque d’accompagnement, le manque de « réseaux » ( les gens du métier, les petits lieux où se produire pour commencer, les programmations, les tremplins, etc…) sont les principaux obstacles qui se dressent devant eux. 
J’ai connu certains d’entr’eux  qui se sont hissés à la force du poignet jusque dans les milieux professionnels , mais ils sont rares et souvent au prix de sacrifices exorbitants: Ce n’est pas normal.
Bien sûr, je connais les difficultés budgétaires d’une ville comme la nôtre qui doit répondre à de nombreuses nécessités économiques et plus encore éducatives et sociales mais l’investissement dans le devenir culturel est du même ordre et rejoint ces trois préoccupations. Et d’ailleurs, pourquoi ne pas envisager la question au niveau intercommunal ?
Je m’attarderai maintenant parmi toutes les disciplines citées sur une plus particulièrement : la chanson française Pourquoi ?
D’abord parce que c’est un art tombé un peu en désuétude, hormis la chanson de « divertissement » qui n’est rien d’autre qu’un produit de consommation formaté qu’on peut entendre dans la plupart des radios ou sur les chaînes de télévision « grand public » (et les autres ne font pas beaucoup mieux…) alors que la chanson française a une très longue histoire jalonnée de grands auteurs, de grands musiciens et de grands interprètes.
Ensuite parce que les ondes sont envahies de textes en anglais qui certes ont comme le reste une valeur artistique pour nombre d’entre eux, mais bénéficient d’un audience démesurée
Enfin parce qu’il existe un vivier très important de chanteuses et de chanteurs talentueux complètement inconnus du grand public, ce qui prouve que d’autres talents attendent dans l’ombre qu’on leur tende la main.
Pour étayer ma démarche, j’ajouterai que dans notre conservatoire de musique la chanson est ignorée comme d’ailleurs dans la plupart des autres conservatoires musicaux …
Donc, la question que je me pose est celle-ci: Pourquoi ne pas initier une « Ecole intercommunale de la chanson » ? Une telle structure n’a rien d’utopique. Des exemples existent comme « La Manufacture de la Chanson » à Paris. De même il me semble qu’un lieu convivial agrégeant une petite salle de spectacle , comme une cave, à un bar ou un restaurant dans un endroit comme « le cèdre bleu » par exemple serait plébiscité . Un tremplin aussi, pourrait être créé pour donner une chance à de futurs talents .
Il ne s’agit là bien sûr que de quelques idées qu’il conviendrait de concrétiser et la concrétisation n’est pas l’affaire la plus simple, je le sais .
Mais, ayant moi même dû faire face à ce genre de difficultés , il me semble important de poser le problème pour que d’autres ne les rencontrent pas ou du moins puissent les aplanir.

INVITEE

Sarcelles ville de cultures

Par Annick L’OLLIVIER-LANGLADE

Nous venons de traverser une période de confinement qui laisse des traces dans beaucoup de domaines.

La Culture a été durement touchée: salles de cinéma et de spectacles   fermées, pas de concerts, pas de pièces de théâtre, festivals annulés… Beaucoup d’artistes se retrouvent dans des situations très difficiles, certains nous ont quitté.
Comme partout, à Sarcelles les salles de spectacles ont été fermées au   public  pourtant si nombreux.

Nombre de spectacles ont dû être annulés; certains ont pu être reportés sur la saison prochaine.

La ville continuera à apporter son soutien à la Culture en programmant des spectacles de qualité, en proposant des résidences à des artistes pour des créations, des activités  culturelles d’excellence pour les  scolaires.

Comme l’a dit si justement Gao  Xinjian ( prix Nobel de Littérature) :

« la Culture n’est pas un luxe,
c’est une nécessité! »

L’exception culturelle française est un trésor. Ne le détruisons pas !

Une lueur d’espoir apparait.Certaines salles reprennent les répétitions.

Des artistes ont profité du confinement pour créer et diffuser ces créations sur les réseaux sociaux. Cela laisse à penser que de beaux spectacles sont en préparation.

 

Un souhait: pouvoir offrir dès septembre la saison culturelle que le public sarcellois attend.

INVITEE

Pour une culture humaniste

Par Chantal AHOUNOU

A Sarcelles, en France et dans le monde, avec la période de confinement, un silence assourdissant s’est étendu sur la ville. La vie culturelle s’est arrêtée brutalement.  L’idée du surgissement d’un nouveau monde ne pouvait faire l’impasse de la question culturelle. 

 Plongée dans l’histoire du théâtre de l’antiquité à nos jours, j’ai été passionnée par la vie de Jean Vilar, comédien, metteur en scène et directeur de théâtre. Il a défini le théâtre populaire comme une arme d’éducation.  Il me paraît primordial de renouer avec cet état d’esprit. Cela signifie faire le choix d’une culture émancipatrice et démocratique pour contrer le monde néolibéral qui enferme les individus dans la course effrénée de la société de consommation et de la compétition.

Pour comprendre la pensée de Jean Vilar, il faut évoquer le théâtre grec né au Vème siècle avant J.-C. A cette époque, la pratique théâtrale ne peut être dissociée de la démocratie athénienne et de la religion. A son apogée, le théâtre grec constitue un contre-pouvoir face aux institutions. En effet, la souveraineté du peuple s’exprime autant sur scène que sur la place publique. C’est un théâtre qui favorise le débat public et aiguise l’esprit critique des citoyens.

Malheureusement, avec la disparition de Jean Vilar, l’esprit du théâtre populaire a pratiquement disparu. Faisons le pari qu’il renaîtra sur la ville de Sarcelles. 

Je me suis aussi souvenue qu’au mois de juillet 2017, le festival d’Avignon accueillait Christiane Taubira, ex-garde des sceaux avec la metteuse en scène Anne-Laure Liégeois. Elle était invitée à faire une création dans le « In ». Intitulée « On aura tout », ce feuilleton  théâtral racontait le monde contemporain et ses intérrogations. Dans un entretien pour le journal le monde, l’ancienne ministre s’exprima de la manière suivante : « Toutes les cultures me sont familières, même celles qui pourraient me paraître lointaines, comme celle de la Russie, de l’Europe de l’Est …Car cela fait des dizaines d’années que je lis de bons auteurs sur ces cultures. Ainsi mon regard n’est jamais étriqué. Aucun sujet important ne gagne à être enfermé dans des frontières géographiques ou culturelles ». 

A l’aube du XXIème siècle, nous sommes face à un tournant historique, où il est possible de renouer avec le souflle d’un André Malraux et l’ambition d’un Jean Vilar comme le souligne Manuel Alvarez.  Investir dans la culture, c’est aussi mettre en lumière des expressions   artistiques qui viennent d’Asie, du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, des Amériques et des Caraîbes. Ces expressions culturelles doivent être plus visibles. Sarcelles est une ville monde, il est possible de réinventer de nouveaux espaces artistiques qui prennent en compte la diversité de la population.

 Enfin, il ne s’agit nullement de se servir du théâtre à des fins politiques mais bien plutôt d’engager des femmes et des hommes dans la vie de la cité, dans la construction d’une société plus juste.

INVITE
Les « Chérubins de Sarcelles »
     donnent de la voix !

 

Par Christian SIMAKALA
Manager-Responsable


Chères Sarcelloises, Chers Sarcellois, Chers amis,

Les spécialistes nous indiquent que la pandémie va s'inscrire dans le temps avant de disparaitre et qu’il va falloir apprendre à vivre avec. C’est la raison pour laquelle, je vous invite à une grande responsabilité citoyenne face à la propagation du virus en respectant les gestes barrières.

Nul n’est censé ignorer que le secteur culturel a été lourdement  impacté par la propagation du virus Covid-19. De nombreux  établissements ont dû fermer leurs portes et on a assisté à une suppression totale de l’ensemble des représentations culture au niveau national.

Depuis le 11 mai 2020, nous assistons à un déconfinement en France mais le milieu culturel pourrait être le dernier à pouvoir reprendre. Il est important, voir urgent que les politiques viennent en aide à ce secteur déjà confronté à la précarité.

« La culture est un bien public qui nécessite une politique publique »

Nos élus sarcellois, des responsables associatifs, des organisateurs de spectacles se sont déjà mis au travail pour réfléchir à une reprise progressive afin de proposer dans les prochains jours une offre culturelle de qualité pour les habitants.

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